“Dans ce monde qui se dessèche, si nous ne voulons pas mourir de soif , il nous faudra devenir source.”
Christiane SINGER
Née en 1978 en Charente, je grandis à la campagne dans un milieu ouvrier et paysan. Je suis très attachée à mes souvenirs d’enfant dans la nature où j’ai eu la chance de vivre la liberté et le sauvage. Je me sens marquée par deux évènements. Le premier, une opération de l’appendicite le jour de mes deux ans. Le deuxième, concerne un évènement qui, bouleverse mon existence à 15 ans et me fait garder la vie. Le psychiatre évalue une crise d’adolescence. Stupéfaite de son diagnostique, je refuse son aide et prends conscience que je ne peux compter que sur moi même pour me sortir de la situation. Je me souviens encore de mon regard médusé, à me demander ce qu’il n’avait pas compris. Bien déterminée, je choisis de trouver les réponses en moi, parce que ça vibre fort à l’intérieur depuis longtemps et c’est franchement désagréable!
Le projet: un cheminement d’apprentissage de la technique et du cadre.
Mon baccalauréat en poche, il devient mon passeport pour enfin expérimenter la vie. Ma nécessité vitale de liberté et de quête s’oriente vers un départ pour l’Angleterre pour y rester trois années.
Je rentre en France pour m’installer à Marseille. J’apprends à lire le fonctionnement hors du commun de cette ville et y vivre selon ses règles. C’est la richesse multiculturelle et populaire de cette métropole qui me fait découvrir le milieu du social et de l’éducation. Je me forme à l’Education Populaire et de la Jeunesse pour être animatrice de projets interculturels, sur le national et l’international. Je travaille avec Jean Tomasini dans le cadre de l’Office Franco Allemand pour la Jeunesse. J’anime des projets qui consistent à approfondir les liens entre les peuples et les personnes en France, en Allemagne et avec d’autres pays, à découvrir une autre culture, à encourager les échanges interculturels ainsi que de favoriser l’engagement citoyen.
Je suis ensuite employée par l’Éducation Nationale pour accompagner des élèves en situation de handicap dans les établissements des quartiers nord de Marseille. L’inclusion des élèves dans ce type de territoire me montre au quotidien qu’ils sont les garants de l’humanité dans un monde dont les valeurs évoluent.
En 2009, je m’oriente vers l’IFRASS, l’école d’éducateur spécialisé à Toulouse. Mes premiers pas dans l’institution spécialisée sont riches de rencontres. Les valeurs de certains enseignants et maître de stage s’imprègnent en moi, notament celles de Christiane Metge et de Gérard Fonta au Service d’Accompagnement à la Vie Sociale de Pamiers. Educateurs spécialisés, animés par une profonde éthique professionnelle, pionniers du milieu de l’éducation spécialisée et fervent défenseurs de la dignité et de l’intégrité de la personne en situation de handicap.
En 2012, je retourne dans les Bouches du Rhône, pour travailler dans une structure hospitalière en SESSAD ITEP sur le territoire de Vitrolles et de Marignane. J’accompagne en milieu ouvert, le quotidien des jeunes limités par leurs troubles du comportement et de la conduite, voire parfois de leurs troubles associés. L’expérience est très vivante et intense. Les jeunes sont là avec leurs problématiques familiales, sociales, scolaires et médicales. Ma mission consiste à co élaborer un projet d’accompagnement pour le jeune dans un objectif d’autonomie, de socialisation et d’inclusion. Vaste projet nécessitant des approches transversales d’étayage éducatif et scolaire, de soins médicaux et paramédicaux… pour que tout ce qui se manifeste à travers le symptôme transmute en estime de soi. Au fil des années les situations sont de plus en plus complexes. Mon intuition m’informe qu’il me manque des maillons clés dans ce type d’accompagnement. J’en profite pour me former en parallèle avec Isabelle Filliozat- psychothérapeute spécialisée dans l’intelligence émotionnelle- sur la grammaire des émotions. J’observe le lourd poids de l’institution auquel mon service est rattaché. L’équipe avec laquelle je travaille est très compétente, mais polluée par un disfonctionnement institutionnel-j’ai appris plus tard que l’ARS ordonna la fermeture définitive de la structure. Face à ces constats, il me semble évident de voir, pour moi, mon manque d’adhésion à continuer dans cette direction et décide de continuer ma route.
Mon expérience dans l’éducatif a suivi en Maison d’Enfant à Caractère Sociale, lieu d’accueil de mineurs en difficulté. Leur placement est effectué lorsqu'ils vivent des situations difficiles telles que la violence familiale, des problèmes psychologiques ou psychiatriques des parents, de graves conflits familiaux, des carences éducatives… L’équipe avec laquelle je travaille est au service de sa mission. J’observe la réalité du terrain et notamment le manque de moyen institutionnel qui s’aggrave, auquel nous devons faire face.
L’émancipation de la graine de pyrophyte qui sommeillait en moi et la somatopathie.
En 2011, suite à une rencontre thérapeutique avec Jean Louis Fucho sur Saint Girons, je m’engage avec une grande évidence dans ma maternité. L’arrivée de notre bébé vient réveiller chez moi des sujets enfouis, qui ne m’appartiennent parfois pas. C’est grâce à une amie qu’alors j’entends parler de la somatopathie et du cabinet d’Odile Beaudonnel à Pertuis et que je me fais accompagner.
L’été 2016, est un grand tournant dans ma vie. Un énorme feu de garrigue déferle sur tout le plateau de Vitrolles et arrive aux portes de mon domicile. Cet évènement vient me bousculer en profondeur. J’ai compris des années plus tard, que l’énergie de cet incendie a eu un effet symbolique pour moi: il a appelé au renouvellement, telle une graine de plantes pyrophytes qui demandait à se déployer.
En parallèle, je fais l’expérience de la maladie qui nécessite un accompagnement au CHRU de Marseille. Le diagnostique tombe et l’angoisse arrive. Un examen complémentaire est nécessaire. Lors de l’entretien du deuxième rendez vous au CHRU, j’explique au médecin que nous venions de faire une séance de somatopathie. Celui ci se montre fermé à ce type d’approche mais ressort en colère du deuxième bilan qui prouve que, selon lui, l’infirmière n’a pas fait son travail correctement et que la situation est ’’normale’’. D’accord docteur!
De retour chez moi, je contacte l’école de somatopathie pour m’inscrire à la session de formation suivante, en janvier 2017 en Bretagne. Je flaire une piste qui me permet peut être d’aller chercher le maillon manquant….
Une formation d’une très grande exigence de vie.
Quatre années de formation sont nécessaires pour développer une écoute subtile du corps, intégrer les connaissances de la méthode Poyet et de la somatopathie, traverser une nuit noire de l’âme, faire l’expérience de l’amour inconditionnel et de la kundalini, avancer dans un parcours difficile et intense pour valider ma formation par un diplôme. Je me forme, entre autre, avec Pierre Camille Vernet, Odile Beaudonnel, Céline Cochet. Sur le terrain, je collabore avec Laurence Bex, ergothérapeute passionnée, spécialisée dans l’accompagnement d’enfants dans le milieu scolaire et Virginie Gouern, fervente enseignante d’une école élémentaire, ayant une approche alternative et empathique de l’enfant. Je ne peux m’empêcher d’explorer ce que je n’avais pas pu comprendre en tant qu’éducatrice spécialisée, d’aller chercher la racine profonde de la problématique du jeune. Je finis par comprendre et intégrer dans mes mains le fonctionnement de la cristallisation du développement du jeune, la vibration émotionnelle tissulaire transgénérationnelle d’un évènement qu’il est nécessaire d’apaiser par une libération des tissus. Je remarque que ce frein est très fréquent aux soins du paramédical, du médical ainsi qu’à l’éducatif!
Du savoir faire au savoir être en somatopathie…
L’épisode COVID arrive dans la vie de chacun. Je le vis comme une épreuve. Face à la difficulté, est ce que je rennonce à mes valeurs fondamentales? Est ce que cet évènement va me prouver que mon comportement est congruent, cohérent et fidèle à mes valeurs? Et bien oui! Je dois me confronter à la pression, pour expliquer l’importance des droits fondamentaux de l’Etre humain, du respect de la dignité humaine et de l’intégrité physique et psychique de la personne et d’évoquer l’impact de la peur sur le corps et le cerveau issu des travaux du docteur Stephen Porges concernant la théorie polyvaguale (localement, la conférence de François LIBERCÉ sur cette théorie est très bien faite). Je suis portée par les énergies du poème de William Ernest Henley, Invictus. Je me sens vraiment écoutée et respectée par mes interlocuteurs, parfois des liens forts avec eux se créent. Dès que le COVID s’installe dans mon foyer, j’y vois l’opportunité de poser mes mains sur les crânes pour comprendre comment le virus investit nos corps. Quelques échanges avec le docteur Marion F., de l’association Reinfo Covid Pays de la Loire, nous permettent d’enrichir mutuellement nos observations et moi, d’établir mon protocole COVID. Einstein disait “ On ne peut pas résoudre un problème avec le même code de pensée que celui qui a généré le problème.” Personnellement, j’étais équipée d’un savoir faire pour accompagner les personnes dans cette traversée et j’ai pu en faire bénéficier.
Un déménagement qui déménage…
En 2022, le choix d’un rapprochement familial dans le Couserans en Ariège s’installe. Notre arrivée est très mouvementée. J’observe, sans pouvoir lutter, une autre nuit noire de l’âme très puissante. Je me retrouve à nue, face à moi même, dans un environnement montagnard, inconnu et sauvage. Les évènements d’une grande violence se présentent à moi pour que je vienne les écouter, les traverser afin de transformer mon plomb en or! Je n’ai plus d’autre choix que d’aller voir, avec courage, ce que je pressentais depuis toujours. Deux années intenses, pendant lesquelles je fais de nombreuses rencontres, notamment avec le docteur Gérard Dieuzaide- posturologue holistique, Hervé Dohin - professeur de lutte, psychologue du sport et spécialiste de la lutte éducative, Alain Rossette- thérapeute et directeur des Editions QUINTESSENCE, et du travail extra ordinaire avec le grand maître spirituel Shamannaah. Aux grands maux, les grands remèdes! Un équilibre parfait pour déployer mes ailes.
En parallèle, un accompagnement thérapeutique sérieux en constellation familiale, en somatopathie et en EMDR devient nécessaire. J’explore avec attention et soin ce qui vient me chercher. Les liens familiaux invisibles se conscientisent les uns après les autres. La paix s’installe dans mon corps. J’avais déjà intégré les techniques de la somatopathie mais là, j’en intégrais son âme.
Voilà comment j’ai compris que ce que je cherchais depuis des années, c’était cette approche corporelle et subtile de la personne dans sa lignée. Mon expérience professionnelle est celle du terrain et du vécu, elle est aussi celle des relations internationales, sociétales et familiales. Mon expérience professionnelle est complétée par des formations et une recherche personnelle que j’applique en informant mes mains thérapeutiques.
Aujourd’hui, encore plus que hier, je pratique avec joie mon métier. J’aime profondément cette écoute empathique et libératrice. J’apprécie ce type d’accompagnement dans lequel les tissus du corps révèlent les blocages de la personne sans avoir à passer directement par le cerveau. Je suis heureuse de vivre chaque séance comme une proposition d’ouverture à la résilience et à la Vie dans une dynamique de légèreté, d’alignement et d’ancrage.